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La dépression du surdoue: du vague à l’ame a la souveraineté intérieure

La dépression du surdoué: du vague à l'âme à la souveraineté intérieure

Cet article propose une grille de lecture indicative et personnelle et ne remplace en aucun cas un avis médical adapté.

Comment différencier les épisodes de tristesse de la dépression ?

Être triste face à certains évènements est une réaction émotionnelle tout à fait normale et légitime, qu’il ne faut pas immédiatement mettre en lien avec une potentielle dépression !

La tristesse pathologique  s’inscrit dans la durée de manière cyclique ou continue, et impacte fortement les performances psychiques comme physiques de l’individu. Elle se différencie des simples coups de déprime ou des autres troubles de l’humeur, fréquemment rencontrés au cours de l’adolescence par exemple. J’explique plus en détail la différence entre ces états dans la vidéo ci-dessous.

Trois questions, les questions dites d’Arroll, ont été mises en place pour dépister la dépression. Si vous soupçonnez la naissance d’une dépression chez vous ou une personne de votre entourage, vous pouvez essayer de répondre à ces trois questions ou de les lui poser :

1. Au cours du dernier mois, vous êtes-vous souvent senti triste, déprimé ou désespéré ?

2. Au cours du dernier mois, avez-vous souvent été gêné par un manque d’intérêt ou de plaisir à faire les choses pour lesquelles vous ressentez habituellement de la joie et de la motivation ?

3. Est-ce que vous voudriez de l’aide sur quelque chose ?

Si la réponse est non à ces trois questions, des études (Brawand-Bron et Gillabert, 2010) ont démontré qu’il y avait 97% de chances que la personne ne soit pas atteinte de dépression.

Si la réponse est oui à au moins une des questions, il est vivement conseillé de prendre rendez-vous chez un praticien adapté pour aller plus loin dans le diagnostic.

La dépression du surdoué: la spécificité des états dépressifs des hauts potentiels

Les personnes concernés par la douance, ou hauts potentiels intellectuels ou émotionnels (HPI, HPE) ou « surdoués » ont tendance à être idéalistes, car ils sont capables de concevoir la multiplicité des réalités possibles. Ils se rendent aussi très bien compte du fait que le monde n’est pas ce qu’il pourrait être, loin de là. Du fait qu’ils prennent les choses très à cœur, ils ressentent une frustration et une déception immenses lorsqu’ils réalisent que ces idéaux ne sont pas atteints.

De plus, ils repèrent facilement l’incohérence, la partialité et l’absurdité de la société et du comportement de leur entourage. Ils remettent en question les traditions établies ou les contestent : pourquoi, par exemple, tant de restrictions liées à l’âge ou au sexe devraientelles dicter notre comportement? Pourquoi les gens fontils hypocritement le contraire de ce qu’ils disent ? Pourquoi disentils des choses qu’ils ne pensent pas vraiment, au fond? Pourquoi fontils preuve de si peu de considération et de sensibilité dans leurs interactions avec autrui? Quelle différence une seule personne peutelle faire dans le monde au cours de sa vie ?

Quand les surdoués se hasardent à exprimer leurs préoccupations auprès d’autres personnes, ils suscitent généralement des réactions qui vont de la perplexité à l’hostilité. C’est alors qu’ils se rendent compte que leurs inquiétudes ne sont pas du tout partagées, car les autres se préoccupent clairement de problèmes plus terreàterre ou sur le fait de bien correspondre à ce qui est attendu d’eux. En conséquence, ces hauts potentiels, se sentent isolés de leur environnement et de leur famille, car personne ne semble disposé à échanger sur des questionnements aussi complexes. De ce questionnement sans réponse peut naitre de l’anxiété généralisée, des angoisses, voire des phobies. Et la colère refoulée due à l’incompréhension peut souvent dégénérer en dépression.

Les limites existentielles de temps et d’espace deviennent une source de frustration majeure. Il n’y a tout simplement pas assez de vingtquatre heures dans une journée pour qu’ils puissent développer tous leurs talents !

En résumé, voici les principales origines du vague à l’âme ressenti chez les hauts potentiels :

L’idéalisme: très idéalistes, ils sont très rapidement déçus par leur entourage, leurs relations amicales ou amoureuses, qui peuvent rapidement les conduire à une désillusion généralisée par rapport à la nature humaine, leur environnement, leur vie.  

Leur rapidité à repérer les incohérences dans leur entourage : les profils HP sont de nature très exigeante, ce qui est là encore lié à leur idéalisme. Dans leur environnement, ils vont donc très vite repérer, mais encore plus se focaliser sur ce qui ne va pas, ce qui n’est pas cohérent, sur ce qui n’est pas juste, se construisant une vision extrêmement pessimiste du monde et à terme d’eux-mêmes. 

L’hypersensibilité : les chocs émotionnels et autres potentiels déclencheurs de dépression sont vécus de manière décuplée par l’individu à Haut Potentiel, qui a donc plus de risque de développer des dépressions dites réactionnelles, qui sont donc des réactions à l’échelle de l’intensité du ressenti vécu. 

Une gestion des émotions parfois lacunaire : Parfois déstabilisé par l’intensité de ses émotions, le Haut Potentiel va avoir tendance à se laisser submerger par elles, ce qui peut conduire à une baisse d’estime de soi, pouvant à terme favoriser le développement de troubles dépressifs. 

La dépression du surdoué : les questions existentielles

Yalom (1980) décrit quatre de ces “enjeux ultimes” ou questions existencielles pouvant régulièrement tracasser les hauts potentiels : la mort, la liberté, l’isolement fondamental et l’absence de sens.

Pourquoi de telles angoisses existentielles sontelles si prégnantes parmi les surdoués? C’est partiellement dû au fait qu’il faut atteindre une certaine profondeur de pensée et de réflexion et un certain détachement visàvis des considérations superficielles de la vie matérielle, pour être en mesure d’appréhender de telles problématiques.

L'idée de la mort

« Nous essayons de nous rendre immortels à travers nos accomplissements, et souvent en recherche de reconnaissance. Nous voudrions laisser une trace dont les gens se souviendraient pendant des dizaine ou centaine d’années »

James T. Webb

L’accueil de l’idée de la MORT est fondamental. Accueillir ne veut pas dire accepter. Accepter ce serait un moyen mental de faire un « deal » avec la vie, de vouloir négocier, de chercher à sécuriser et perpétuer sans totalement l’explorer pleinement.

Comment ne pas voir notre éternité quand nos cellules, nos tissus, nos neurones, nos pensées, tous ce que nous émanons ne cesse de mourir et renaitre. Les deuils de notre vie sont permanents, et il ne s’agit pas toujours de la perte d’un être cher, cela peut être un emploi, une rupture amoureuse, la fin d’une amitié … nous mourrons et naissons à nous même chaque jour, nous laissant ainsi de cette façon la possibilité de nous ré-inventer et de retrouver notre potentiel créateur. Sans mort, nous ne pourrions pas convoquer notre propre présence, cette vie tout à la fois muable et immuable en même temps…c’est justement quand nous relions et ré-intégrons pleinement en nous l’idée de la mort que nous sommes libres de vivre tout ce qui Est.

La liberté et la nostalgie de l'ailleurs

La LIBERTE, au sens existentiel, est liée à l’absence de structure extérieure; c’estàdire que le monde dans lequel naît un être humain ne possède pas de structure intrinsèque et chacun est responsable d’en créer une de toutes pièces. Notre liberté semble donc à la fois totale, et en même temps elle n’existe pas du tout. Chaque choix est inscrit dans un plan qui nous dépasse et en même temps créé le plan. Ainsi, chacun de nos pas arrive exactement à l’endroit où il était destiné. Mais là où nous posons notre pas n’est pas prédestiné, c’est nous qui créons notre destin. Ainsi, vu sous cet angle, tous les choix comportent en eux-même la possibilité du pire et du meilleur.

La réunion des contraires consiste ici à se demander comment être libre si l’on ne se donne pas un cadre intérieur structurant ?

Je parle de ce cadre dans les 2 vidéos sur la nostalgie de l’ailleurs, où Arouna Lipschitz appelle ceci « la loi du Père », cette apparente autorité (familiale, hiérarchique, tribale, spirituelle….) pouvant apparaître de prime abord suffocante et étant également libératrice à la fois …

L'ISOLEMENT FONDAMENTAL

La notion d’ISOLEMENT FONDAMENTAL laisserait croire qu’il existe toujours un fossé infranchissable entre les individus, et que nous sommes toujours seuls, quel que soit notre degré de proximité avec une autre personne.

C’est pourtant dans la rencontre avec les autres que notre propre existence prendre forme. C’est en désirant ce qui est bon pour nous-même et pour les autres que nous prenons soin de notre accomplissement. Selon Philippe Nassif (écrivain français), Aristote aurait pu dire « là où les possibles du monde permettent d’actualiser jusqu’à l’excellence les puissances en l’homme, là est notre fin, c’est-à-dire notre bonheur ». Ainsi, nous n’avons pas besoin des autres pour être qui nous sommes, mais nous avons besoin des autres pour nous le révéler, comme un effet « miroir »…avec des aspects plus ou moins sympathiques !

Réfléchissons aussi au fait que souvent, on se sent seul parce qu’on est entouré, particulièrement dans des contextes scolaires, mondains, ou professionnels, par des personnes qui n’osent pas être elles-mêmes … on se croit à tort seul, au milieu de ces personnes qui ne sont pas ce qu’elles paraissent être … en se libérant soi-même, en étant à l’aise avec qui on est, on peut les inspirer et les pousser à révéler leur vrai visage. « Incarnons le changement que nous voulons voir dans le monde«  (Gandhi). On se rendra alors peut-être compte que le monde de pierre, le monde « stone » dans lequel on crevait de solitude est en fait plein de petits miracles quotidiens et de coeurs vibrants, porteurs de singularité, qui sont des merveilles pour qui sait les voir.

« L’âme agit » (la magie) de la vie est partout si nous choisissons de la voir … Encore une fois regardons autour de nous comme tout ce qui semble en apparence éloigné est relié, que ce soit par l’effet papillon ou dans la forme, la géométrie fractale du monde qui nous entoure … la magie est là, partout, tout le temps, disponible à ceux voulant la voir…l’univers lui-même est holographique comme le montre la vidéo ci-après.

 

L'ABSENCE DE SENS

« Mais alors, dit Alice, si le monde n’a absolument aucun sens, qui nous empêche d’en inventer un ? »
Lewis Carroll

Labsence DE SENS peut émerger de ces trois questions: si nous ne pouvons échapper à la mort, si nous construisons chacun notre propre univers, et si au final nous sommes irrémédiablement seuls au monde, quel est donc le sens de la vie? Nous venons donc de répondre par les aspects précédents à cette dernière question. Cependant, allons un cran plus loin.

Au-delà des autres, la reliance peut également se ressentir en se retrouvant nous-mêmes, notre EST-SENS, ce que nous Sommes depuis toujours au-delà des apparences. N’avez-vous jamais entendu cette petite voix intérieure qui semblait venir de vos profondeurs ? N’avez-vous jamais eu parfois des intuitions subites ou des synchronicités dans votre vie ? Ressentis des moments de grâce « où tout semble aligné » ? Peut-être ne faut-il pas donner un sens à sa vie, mais plutôt la vivre pour lui donner un sens. Nous créons ainsi notre propre légende, en fonction de ce que nous nous racontons de notre vécu.

Le sens se ressent également en réponse à nos différents types de besoins, dont ceux liés à l’accomplissement personnel. Il s’agit donc pour chacun de trouver son « pourquoi ? », plutôt que son « comment ? » car la vie se charge d’elle même.

Lorsque l’on parle de « mission de vie« , on pense tout de suite à un métier, une activité. Au « faire ». Ma vision est que le faire « juste » pour soi ne peut partir que de l’Etre. C’est par l’amour de soi que le « faire » pourra éclore. Et c’est alors que l’on peut faire, juste pour jouer, sans produire ! La mission de vie consiste donc à reconnaitre qui nous sommes, grâce en particulier aux différentes expériences ressenties comme délicates dans notre vie. Se reconnecter à une partie sage en nous, qui sait. Et parfois, il faut ne pas être qui l’on est pour être. Ainsi, nous sommes toujours au bon endroit, au bon moment. La sensation d’égarement provenant d’un désalignement des énergies entre l’âme et la personnalité.

La dépression du surdoué : vers la réunion des contraires

Dans toutes ces questions existentielles, nous pouvons voir qu’il existe à chaque fois un paradoxe: sans la mort, nous ne pourrions définir et nous sentir en vie, sans cadre nous ne pouvons être libre, sans nous laisser traverser par la vie, nous ne pouvons lui donner un sens, le sens apparaissant quand nous la vivons. Sans ombre également, nous ne pourrions définir la lumière. C’est en expérimentant les polarités que nous pouvons en saisir et en ressentir toutes les nuances, ainsi finalement, le bien et le mal ne sont ni négatif ni positif, il s’agit juste des 2 faces d’une même pièce. Sans ces 2 faces, la pièce ne serait plus la pièce, elle n’aurait plus de forme et serait infinie.

Ce paradoxe se trouve décrit dans la mécanique quantique. Celle-ci indique que, tant que l’observation n’est pas faite, un atome peut simultanément dans deux états : intact et désintégré. J’invite le lecteur à aller voir l’expérience du chat de Schrödinger, disant qu’un chat serait simultanément dans deux états (l’état mort et l’état vivant), jusqu’à ce que l’observateur déclenche le choix entre les deux états. Nous retrouvons la notion de libre arbitre. Nous pouvons ressentir cette notion dans plein d’aspects de notre vie: s’il existe en nous à la fois le doute et la foi, ceci n’est-il pas un aspect évident de la dimension quantique de la conscience ? …

On dit que vouloir comprendre, c’est mettre l’infini dans du fini. Alors, il arrive un moment où la quête de vérité s’arrête, non par dépit, non car nous avons trouvé la réponse à nos questions, mais peut-être parce que nous sommes rentrés tellement dans les questions que celles-ci n’ont plus de sens à une autre échelle et ont trouvé leur résolution, car nous ne les voyons plus comme des questions, mais comme des réponses. Ne dit-on pas souvent que la réponse est dans la question ? 🙂

Cette expérience nous montre aussi que l’observateur peut changer le résultat de l’expérience. Ainsi pour moi un grand secret de la vie est de savoir changer de regard. De devenir l’observateur de son histoire et de choisir ce que l’on souhaite raconter de cette histoire finalement. Notre liberté intérieure est ce choix. Il est présent à chaque moment présent.

 

La fin de la dépression du surdoué : vers la souveraineté intérieure

Rompre avec soi même, c’est à dire avec l’idée du personnage, de son histoire, de ses qualités et de ses travers est impérieux et nécessaire dans un processus de « gai-rison » comme de renaissance perpétuelle. Avec ce « petit Moi« . La libération passe pour moi par le fait de cesser de s’identifier à ce personnage, tout en l’intégrant en nous sans le nier. 

Ce sont bien souvent les croyances limitantes, les pensées enfermantes et les émotions non accueillies qui se positionnent en rempart à nos doutes et inconsistances, et qui se mettent le plus en résistance dans le processus d’autorégulation de la vie. Dès que nous nous fixons dans une vision spécifique, nous figeons. En nourrissant le continuum linéaire, nous nous empêchons de nous réinventer.

Le Soi ou « archétype de la totalité » est pour Carl Gustav Jung le centre du psychisme. Il englobe conscient et inconscient. C’est la totalité des possibilités, la source des talents, l’instinct qui anime l’individu de plus en plus au cours de sa vie avant de décliner lors de son vieillissement. C’est la part qu’il initie et qui le guide. Les 2 aspects de notre personnage et de notre sagesse intérieure cohabitent dans notre être, nous avons le choix de dialoguer avec l’un ou l’autre. En s’accordant le temps juste sans pression de résultat. Cela libère et fait incontestablement aller plus vite (encore un paradoxe ?). Lorsque le temps n’est plus un enjeu, tout se transforme et se révèle, le temps d’un je(u). Celui que nous choisissons alors de jouer, non plus « parce qu’il faut ». Mais parce je le choisis. C’est le double mouvement du Moi au Soi et du Soi au Moi que nous choisissons alors d’emprunter … nous sommes à la fois le Grand Soi, ET aussi ici le Petit Moi, et la vie se joue peut-être dans la danse entre les deux.

Le nouveau monde sera celui où chacun s’arme de courage pour jouer sa note unique et être au rendez-vous avec lui même et sa destinée !

Je propose pour ce faire un programme d’accompagnement sur 3 mois « (Re)trouver votre souveraineté intérieure »….

 

« Si tu es ici, c’est que tu a été voulu(e).
Si tu es ici, c’est que tu l’as désiré.
La réalité créée ne connait aucune erreur de casting, pas plus que de scénario.
Relâche maintenant le poids de ces fantômes qui te hantent et ressens combien c’était eux qui s’inscrivaient en frein à te vivre pleinement.
Le seul fait de les mettre en doute annihile leur pouvoir sur toi et, tel un sortilège annulé, tu retrouves soudain ta liberté de vivre et d’aimer.
Alors que la croyance te faisait croire à la non vie, la réalité incarnée te permet de laisser croître la Vie en Toi 🤍✨« 
 
Gilles Delieuze

Références bibliographiques et ressources

Arroll B, Goodyear-Smith F, Kerse N, et al. Effect of the addition of a «help» question to two screening questions on specificity for diagnosis of depression in general practice : Diagnostic validity study. BMJ 2005; 331:884.

YALOM, I. D. (1980).Existential Psychotherapy.New York: Basic Books.

Arouna Lipschitz, la voix de l’amoureux. https://lavoiedelamoureux.com/

Carl Gustav Jung. L’âme et le soi: renaissance et individuation. Edition Albin Michel.

Gilles Delieuze, agitateur de particules. https://gillesdelieuze.com/

 

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